Drame de Mélilia en 2022: le Maroc classe l’enquête, la presse espagnole s’insurge

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Des migrants clandestins tente de franchir la frontière de Mélilia. Crédit: DR

Alors que l’information est passée presque inaperçue au Maroc, la presse espagnole s’est faite l’écho du classement de l’enquête autour du décès tragique de 23 migrants clandestins qui voulaient passer la frontière de Mélilia en juin 2022.

Deux ans jour pour jour après l’une des plus importantes tragédies migratoires, et après avoir imposé le silence pendant ce temps, le Maroc a classé l’enquête sur la mort d’au moins 23 citoyens subsahariens au passage de Barrio Chino, qui relie Mélilia à Nador”, écrit d’emblée El Pais dans son édition du 24 juillet.

La même introduction est reprise, en chœur, par plusieurs médias espagnols qui n’apprécient guère que les autorités marocaines classent sans suite cette tragique affaire qui a coûté la vie à des migrants, majoritairement originaires du Soudan.

Citant l’agence EFE, qui a eu accès au rapport, El Pais émet des doutes sur les conclusions du parquet marocain. En effet, le Ministère public marocain a estimé que “les enquêtes ont montré que l’intervention des forces publiques visait à repousser l’attaque, le danger existant, et à maintenir l’ordre avec un usage proportionnel de la force, malgré le caractère agressif et violent des migrants, leur grand nombre et le fait qu’ils possédaient des armes blanches».

Dans ses conclusions tirées des rapports d’autopsie, le parquet ajoute que les blessures mortelles subies par les migrants étaient la conséquence de la «tentative de franchir de force (le poste-frontière, ndlr) au milieu d’une intense agglomération».

Lire aussi. Une enquête dénonce la chasse aux migrants dans le désert marocain avec la complicité de l’UE

Citant les témoignages de survivants et des rapports élaborés par des ONG, El Pais émet un jugement sans appel: les forces de l’ordre marocaines ont fait usage de la violence pour repousser les migrants.

Le parquet espagnol, n’ayant identifié aucun délit de la part des fonctionnaires espagnols a elle aussi classé l’affaire six mois après les faits. Et pas plus loin que vendredi dernier, le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a rappelé que le procureur général de l’État a mené une enquête «large et exhaustive» et conclu qu’il n’y avait «aucune responsabilité de la part d’aucune autorité ni d’aucun fonctionnaire espagnol».

Rappelons que le 24 juin 2022, environ 1.700 migrants et réfugiés ont tenté d’accéder à Mélila en forçant la porte du poste-frontière avec Nador. Un bilan officiel dénombre 23 pertes humaines, selon les autorités marocaines, et  27, selon l’Association marocaine des droits humains (AMDH).

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