Etudiants en médecine: le gouvernement persiste, la crise aussi

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Crise des étudiants en médecine: le gouvernement s’entête, le CNEMP dénonce une mesure unilatérale
Manifestation des étudiants en médecine à Rabat ©

Le gouvernement, par le biais de son porte-parole, a confirmé sa décision de réduire la durée de la formation médicale dans les facultés de médecine et de pharmacie, passant de sept à six ans. Les étudiants qui boycottent les amphithéâtres depuis près de six mois et demi, campent sur leur position.

En réponse à un communiqué du Comité national des étudiants en médecine et pharmacie annonçant, ce mardi 25 juin, la poursuite de leur boycott total de toutes les activités pédagogiques, y compris les examens, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baïtas, a tenu un point de presse exceptionnel.

Baïtas, également ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, a réaffirmé lors de ce point de presse que le gouvernement ne cédera pas sur la réduction de la durée de la formation médicale dans les facultés de médecine et de pharmacie, qui passe de sept à six ans.

«L’étudiant obtiendra le diplôme de docteur en médecine pour la formation médicale, celui de docteur en pharmacie pour la formation pharmaceutique, et celui de diplôme de docteur dentiste pour la formation en médecine dentaire,  après six ans», a-t-il rappelé.

«Le gouvernement a présenté une proposition de restructuration pédagogique de la formation médicale, visant à promouvoir la profession médicale dans notre pays et à assurer l’égalité d’accès à la profession», a-t-il ajouté.

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A travers les déclarations du porte-parole, il semble que le gouvernement a fait abstraction des revendications des étudiants des promotions actuelles. Dans cette veine, Baïtas a assuré que désormais il y a «une nouvelle structure pédagogique pour la formation médicale, qui concernera les nouvelles promotions à partir de septembre 2024 à travers un programme pédagogique national pour le diplôme de docteur en médecine sur une durée de six ans, tout en conservant la valeur juridique et scientifique du doctorat».

Faisant la promotion de ces nouveautés gouvernementales, il a ajouté que «le recours au numérique, à l’intelligence artificielle, à la médecine familiale, à la simulation et aux langues étrangères sera intégré dans la formation médicale».

« Nous ne sommes pas des nihilistes »

Interrogée par H24info, une étudiante en médecine a exprimé une forte opposition à la décision du gouvernement, affirmant que celle-ci ne fera qu’aggraver la situation. Elle a souligné que tant qu’il n’y aura pas de procès-verbal officialisant un accord entre la commission nationale et les ministères concernés, la crise ne pourra être résolue.

«Les étudiants n’acceptent pas les menaces du gouvernement. Alors que nous attendions la signature d’un PV d’accord après la réunion du vendredi dernier, le gouvernement a annoncé la date des examens pour le 26 juin (demain). C’est grave et inacceptable», a-t-elle assuré soulignant que la majorité des étudiants partagent cet avis.

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«Il y a un consensus à l’échelle nationale. Nous ne sommes pas des nihilistes. La preuve en est : nous ne formulons pas un niet catégorique aux propositions du gouvernement, mais plutôt des remarques auxquelles il refuse de répondre», a détaillé la même source.

En évoquant les six mois et demi de boycott des amphithéâtres, elle a souligné l’impact significatif de cette période sur la vie des étudiants, affirmant que sept mois représentent une durée considérable. Elle a conclu en affirmant que leurs demandes sont sérieuses, mais qu’à leur avis, la décision gouvernementale est loin de répondre à leurs attentes.

Poursuite du boycott total

Quelques heures auparavant, le Comité national des étudiants en médecine et pharmacie (CNEMP) avait déjà annoncé dans un communiqué la poursuite du boycott total de toutes les activités pédagogiques, y compris les examens, les stages hospitaliers, ainsi que les cours théoriques et pratiques.

Le communiqué des étudiants indique que «le gouvernement a manqué à ses engagements communs en prenant une mesure unilatérale, à savoir la reprogramation des examens immédiatement après l’Aïd al-Adha», considérant cela comme «une exploitation claire des divergences d’opinion des étudiants et une tentative de diviser les rangs qui n’ont connu que l’unité et la résistance».

Les étudiants en médecine accusent le gouvernement «d’abandonner ses engagements et de s’en tenir à un dialogue superficiel basé uniquement sur des présentations et des promesses verbales», affirmant que «le scénario de l’année blanche vers lequel nous sommes conduits est un pur choix politique, coûteux pour notre pays».

Les étudiants considèrent que «les résultats de la dernière réunion avec le gouvernement, en présence du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, du ministre de la Santé et de la Protection sociale, ainsi que du porte-parole du gouvernement, n’ont pas été à la hauteur des attentes de l’ensemble des étudiants, mais ont plutôt montré un recul énorme par rapport aux bases établies précédemment pour une collaboration constructive, confirmant l’attachement des deux ministères à une approche superficielle basée sur des présentations et des promesses verbales».

Le CNEMP a appelé le gouvernement à un dialogue sérieux et responsable afin de trouver une solution à cette crise dont les effets seront négatifs tant pour les étudiants que pour le système de santé au Maroc en général.

 

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