France: l’extrême droite en tête des législatives, un barrage s’organise pour le second tour

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Les instituts de sondage anticipent une large majorité relative pour les troupes RN de Jordan Bardella. (Photo by JULIEN DE ROSA / AFP)

La France a plébiscité dimanche l’extrême droite au premier tour des élections législatives, mais les autres partis vont tout faire cette semaine pour lui barrer la route du pouvoir entre consignes de vote et désistements de candidats.

Trois semaines après le séisme politique provoqué par le président Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, les Français ont voté massivement dimanche au premier tour, marqué par un taux de participation de 66,71%.

Avec plus de 33% des suffrages et 10,6 millions de voix, le Rassemblement national (RN, extrême droite) et ses alliés obtiennent leur meilleur score au premier tour d’un scrutin dans le sillage des européennes.

Le parti a frappé un grand coup d’entrée, en faisant élire 39 députés, à commencer par sa figure de proue Marine Le Pen.

Le Front populaire réunissant les formations de gauche s’est octroyé près de 28% des suffrages et compte déjà 32 élus.

Le camp présidentiel d’Emmanuel Macron confirme la déroute des européennes et arrive en troisième position avec seulement 20%.

L’extrême droite a demandé aux Français de lui donner dimanche prochain une majorité absolue au second tour, qui sera « l’un des plus déterminants de toute l’histoire de la Ve République » française, fondée en 1958, a lancé le jeune président du RN, Jordan Bardella.

Les Français « ont rendu un verdict sans appel », s’est réjoui dimanche soir le jeune homme de 28 ans.

« Il nous faut une majorité absolue », a lancé de son côté Marine Le Pen, qui a pris ses distances avec son père qui avait cofondé en 1972, avec deux anciens Waffen-SS, le Front national (devenu RN en 2018).

Si Jordan Bardella devenait Premier ministre, ce serait la première fois qu’un gouvernement issu de l’extrême droite dirigerait la France depuis la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle un régime collaborationniste non élu avait été mis en place.

Visage d’apparence lisse incarnant un parti lepéniste dédiabolisé, Jordan Bardella a promis d’être « un Premier ministre de cohabitation, respectueux de la Constitution et de la fonction du président de la République, mais intransigeant » sur son projet de gouvernement.

Assemblée bloquée? 

Alors que le traditionnel « front républicain » en France contre le RN apparaît moins systématique que par le passé, le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen est en mesure d’obtenir une forte majorité relative voire une majorité absolue dimanche prochain.

Le président pro-européen Emmanuel Macron pourrait être contraint à une cohabitation inédite et houleuse avec l’extrême droite.

Mais le scénario d’une Assemblée nationale bloquée, sans alliances majoritaires envisageables parmi les trois blocs en présence, reste aussi une possibilité.

« Nous avons sept jours pour éviter à la France une catastrophe », a lancé le député européen social-démocrate Raphaël Glucksmann, qui a appelé tous les candidats arrivés en troisième position à se désister au second tour.

Mais pour son allié de la gauche radicale La France insoumise (LFI), cela vaudra seulement là où le RN est « arrivé en tête », a précisé son chef de file Jean-Luc Mélenchon.

L’alliance de la gauche dénonce en tout cas la « cacophonie » au sein de la majorité présidentielle qui a du mal à exprimer une position unique sur le second tour.

Divergences dans le camp présidentiel 

Tout plutôt que le « projet funeste » du RN, c’est la ligne défendue par le Premier ministre actuel Gabriel Attal, qui a lui aussi reconnu que « cela passera par le désistement de (ses) candidats » en « troisième position ». Mais seulement pour avantager « un autre candidat qui défend les valeurs de la République », a-t-il ajouté.

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a de son côté appelé lundi à voter pour « le camp social-démocrate » qui n’inclut pas LFI, devenue un repoussoir pour beaucoup d’électeurs de gauche et de droite.

Et la présidente sortante de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, appelle à une « grande coalition » comprenant aussi le parti de la droite traditionnelle (Les Républicains).

En l’état, les projections des instituts de sondage anticipent une large majorité relative d’au moins 240 sièges pour les troupes de Jordan Bardella, voire une courte majorité absolue jusqu’à 295 sièges.

Mais ces projections sont faites avant désistements. Car le résultat du scrutin se joue en grande partie d’ici à mardi 18h00, échéance fixée aux candidats pour décider de se maintenir ou de se retirer.

« Même si les électeurs ne suivent pas les consignes mécaniquement de leurs responsables politiques, on aura un effet qui jouera plutôt en défaveur du RN », a commenté le directeur général délégué de l’institut Ipsos Brice Teinturier. Le politologue table « plutôt sur une majorité relative qu’une majorité absolue ».

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