Législatives françaises: le scrutin de tous les dangers

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En France, la campagne électorale du premier tour des élections législatives est terminée, et déjà les yeux se tournent vers le 2e tour. En tête des sondages, le Rassemblement National va-t-il rééditer l’exploit des Européennes? Qu’en est-il du Maroc en cas de percée du parti de Bardella ?

C’est toujours la même histoire qui se répète depuis l’époque de Jacques Chirac. À chaque poussée de l’extrême droite, les Français assistent, devant leur télé, à la diabolisation du Rassemblement national (RN), et aux appels à la formation de «front républicain» pour lui barrer la route.

Un scénario vu et revu, maintes fois, avec presque le même épilogue. La Droite qui, en grattant dans le terrain du Front national (RN), l’emporte face à une gauche divisée. Sauf que cette fois-ci, le remake pourrait être carrément différent avec cette fenêtre d’Overton qui ne cesse de s’ouvrir sur des idées de plus en plus extrêmes, comme la possibilité de restreindre l’accès à la fonction publique aux binationaux.

En effet, selon un sondage d’opinion publié dans le journal Les Echos ce vendredi, le RN a encore augmenté ses prévisions et pourrait atteindre jusqu’à 37% du vote populaire, deux jours avant le premier tour des élections législatives.

Le RN a progressé de 2 % par rapport à la dernière publication du sondage compilé par OpinionWay il y a une semaine, tandis que le parti centriste de Emmanuel Macron, Ensemble, pourrait atteindre 20 %, soit une baisse de 2 % par rapport à la dernière publication.

L’alliance de gauche du Nouveau Front populaire a obtenu 28 % des voix, un niveau inchangé par rapport à la semaine précédente.

BFM TV, dans un autre sondage compilé par Elabe, a déclaré que le RN pourrait potentiellement franchir la barre des 289 sièges pour une majorité absolue, plaçant le parti et ses alliés dans une fourchette de 260 à 295 sièges.

Même si au cours des dernières années, de moins en moins de Français se déplacent aux urnes, ce scrutin semble plus captivant.

La dissolution de l’assemblée générale par Emmanuel Macron a suscité l’espoir d’un renouveau surtout que ce deuxième mandat a été marqué par le recours quasi systématique au 49.3 pour faire passer des lois controversées.

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En tout cas, tous les indices présagent une forte participation qui pourrait être la plus élevée depuis 25 ans. Près de deux électeurs sur trois prévoient d’aller voter, contre moins d’un sur deux aux législatives de 2022, selon un sondage.

Ce que confirment les chiffres des votes des expatriés. Le ministère français  des Affaires étrangères a annoncé jeudi 27 juin sur X que 410.000 citoyens vivant hors de France ont voté sur internet pour les élections législatives, dont le premier tour aura lieu le 30 juin en France. En 2022, 250.000 personnes avaient voté en ligne à l’étranger.

Avec comme conséquence prévisible, « certainement des élus dès le premier tour« , prédit à l’AFP le directeur général délégué de l’Ipsos Brice Teinturier, mais aussi « énormément de triangulaires », « 200 à 240 », selon le sondeur.

Ces élections législatives déchaînent les passions au-delà de l’Hexagone. Au Maroc, tout le monde retient son souffle surtout que l’issu de ce scrutin dessinera les contours des futurs relations bilatérales entre Paris et Rabat.

La majorité de Macron avait longtemps entretenu une position floue envers le Royaume qui sentait l’hostilité. Après de longs mois de froid diplomatique, le dialogue a repris doucement. Depuis, la situation est revenue à la normale.

Par ailleurs, un sursaut de la gauche ne garantira pas une relation cordiale. Même lors de sa tournée de charme au Maroc, le fondateur des Insoumis, Jean-Luc MelenchonJean-Luc Melenchon, n’a rien lâché. Il a seulement brouillé les pistes.

Seuls quelques dirigeants des Républicains qui se sont prononcés en faveur d’une reconnaissance du Sahara marocain. Malheureusement, le Parti, descendant de l’UMP de Sarkozy, est loin de rejouer les premiers rôles sur l’échiquier politique français.

Au Maroc, beaucoup de médias voient d’un bon œil la montée du RN au pouvoir. Certains semblent croire que le Parti de Bardella pourrait même être un atout pour le dossier du Sahara marocain.

Ceci est peu probable. Une chose est sûre, le RN a toujours prôné un nationalisme fort et dur.  Une fois au pouvoir, le parti d’extrême droite tentera sûrement de revoir les accords bilatéraux avec des conséquences plus ou moins désastreuses pour l’économie marocaine. Marine Le Pen n’a-t-elle pas menacé de relocaliser en France l’usine Renault de Tanger lors des dernières présidentielles ?

S’agissant de la 9e circonscription des Français de l’étranger du Magreb et l’Afrique du nord, Generation.s détient actuellement la majorité avec son député sortant Karim Ben Cheïkh. Mais l’extrême droite risque de créer la surprise.

Si les Français installés au Maroc ont largement placé en tête du dernier scrutin le parti de La France insoumise (LFI) avec 3.350 voix, soit 38 % sur plus de 41.274 inscrits sur les listes électorales, les partis d’extrême droite sont en nette progression.

Le RN a affiché une présence significative à Agadir et Marrakech, où il a obtenu des scores plus élevés. Mais c’est principalement le choix électoral des Français d’Agadir qui surprend avec 23 % des voix pour le Rassemblement.

Avec son pari risqué de convoquer des élections anticipées au lendemain d’un échec eux Européennes, Emmanuel Marcon pourrait devoir cohabiter avec l’extrême-droite ou pire, devoir céder la place dans le cas d’une victoire écrasante du RN.

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