Les agriculteurs marocains en première ligne face aux défis climatiques

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Les agriculteurs marocains en première ligne face aux défis climatiques
Image illustration. Crédit: AFP.

Le Maroc traverse l’une des pires sécheresses de son histoire, une situation qui ne fait qu’aggraver les difficultés des agriculteurs locaux et menace les approvisionnements alimentaires mondiaux. Les changements climatiques se répercutent sur l’économie du pays. 

Le Royaume vit une des périodes de sécheresse les plus graves de son histoire récente. Cette situation, exacerbée par le changement climatique, a des effets dévastateurs sur l’agriculture du pays et son économie. La sécheresse actuelle, la pire en trois décennies, a entraîné une chute record des rendements de blé et une augmentation des importations de céréales.

La production de blé, une culture essentielle pour le Maroc, a plongé, obligeant ainsi le pays à importer des volumes records de cette denrée. Les rendements en blé sont tombés à une tonne par hectare, bien en deçà des attentes et des besoins nationaux. Cette situation crée une pression supplémentaire sur les finances du pays, déjà sollicitées par d’autres crises, telles que le récent séisme de septembre. 

Dans un article publié récemment par Bloomberg, le magazine américain, est revenu sur cette situation. Selon ce dernier, la récolte de blé de cette année est estimée par le ministère de l’Agriculture à moins de 2,5 millions de tonnes, soit la plus faible récolte du Royaume depuis la crise alimentaire de 2007. De fait, les importations seront 3 fois plus importantes que la normale.

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Approvisionner la population marocaine en denrées alimentaires de base augmentera les dépenses au moment même où le gouvernement doit faire face à une facture de 120 milliards de dirhams (12 milliards de dollars) pour la reconstruction après le tremblement de terre meurtrier de septembre. Le gouvernement dépense également 20 milliards de dirhams pour moderniser les stades de football en vue du championnat d’Afrique de 2025 et de la Coupe du monde de 2030”, lit-on sur le site du magazine.

Bloomberg s’est également appuyé sur les témoignages d’agriculteurs marocains pour illustrer cette crise. “Mohamed Sadiri, un agriculteur de 77 ans qui cultive la même parcelle de trois hectares depuis 1963, n’a jamais vu une telle sécheresse. Son puits, profond de 25 pieds, s’est asséché, le forçant à cultiver de l’orge, une culture plus résistante, pour survivre. Sadiri, comme 1,2 million d’autres agriculteurs de céréales au Maroc, subit de plein fouet les conséquences du changement climatique”.

Les impacts de cette sécheresse ne se limitent pas aux frontières marocaines. Le pays, qui exporte habituellement des fruits et légumes vers l’Europe, les États-Unis et l’Afrique, voit ses exportations diminuer, ce qui pourrait affecter les prix et la disponibilité de ces produits à l’international. De plus, la raréfaction de l’eau dans des zones irriguées comme El Guerdane aggrave encore la situation, réduisant la surface cultivable et menaçant la sécurité alimentaire.

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Les sécheresses successives ont fait chuter la production annuelle de blé, de blé dur et d’orge du Maroc à 3 millions de tonnes, contre 10 millions de tonnes lors d’une saison humide, trois ans auparavant”, a expliqué Michael Baum, directeur général adjoint par intérim du Centre international de recherche agricole dans les zones arides. Même son de cloche pour ceux qui cultivent les tomates, les poivrons, les fraises et les olives. 

Parallèlement, “le pays travaille à des adaptations. Il met en place un programme visant à utiliser le labour de conservation sur 1 million d’hectares d’ici 2030, une technique qui pourrait augmenter les rendements d’environ 30% tout en préservant la fertilité et l’humidité du sol”, indique-t-on. Toutefois, seulement 100.000 hectares sont couverts par cette technique.

Les perspectives pour les agriculteurs marocains restent sombres. Les prévisions annoncent que la production de blé continuera à baisser, forçant le Maroc à importer encore plus de céréales dans les années à venir. En attendant, les agriculteurs comme Sadiri espèrent que la situation s’améliorera, priant pour la miséricorde divine et des solutions durables pour sauvegarder leur mode de vie et assurer la sécurité alimentaire du pays.

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