Qui sont les chefs du Hamas visés par les mandats d’arrêt de la CPI ?

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Le plus haut dirigeant du Hamas, Ismail Haniyeh (G), et son successeur Yahya Sinouar, montrés à Gaza en octobre 2011. © Said Khatib, AFP

Trois dirigeants du Hamas sont visés par des mandats d’arrêt réclamés par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité présumés commis depuis l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien en territoire israélien le 7 octobre. 

Ismail Haniyeh, le leader politique

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Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh ©DR

Elu chef du bureau politique du Hamas en 2017 pour succéder à Khaled Mechaal, M. Haniyeh, 60 ans, s’était fait connaître aux yeux du monde en 2006 en devenant Premier ministre de l’Autorité palestinienne après la victoire surprise de son mouvement aux législatives. Mais la cohabitation avec Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, fut de courte durée. Le Hamas l’a évincé par la force de la bande de Gaza en 2007, deux ans après le retrait unilatéral d’Israël de ce territoire.

Haniyeh, qui vit en exil volontaire entre le Qatar et la Turquie, deux pays alliés du Hamas, plaide de longue date pour concilier résistance armée et combat politique au sein du mouvement, considéré comme « terroriste » par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël.

Connu pour son calme et son discours posé, Haniyeh, le visage rond encadré par une barbe poivre et sel, entretient de bonnes relations avec les chefs des différents mouvements palestiniens, y compris rivaux. Il a été emprisonné à plusieurs reprises par Israël et expulsé pour six mois vers le sud du Liban.

Sur des images diffusées par les médias du Hamas peu après le déclenchement de l’attaque sanglante contre Israël, on peut voir M. Haniyeh discuter sur un ton jubilatoire avec d’autres chefs du Hamas, dans son bureau à Doha, en train de regarder le reportage d’une télévision arabe montrant des commandos du Hamas s’emparer de jeeps de l’armée israélienne. Alors que plus de sept mois de guerre ont laissé des pans entiers de Gaza en ruines, Haniyeh a insisté à plusieurs reprises sur le fait que le groupe ne libérerait les otages que si les combats cessaient définitivement.

Mohammed Deif, le « chef d’état-major »

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Mohammed Deif. DR

Chef des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire du Hamas, c’est lui qui a annoncé dans un enregistrement diffusé par le mouvement, le 7 octobre au matin, le début de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa« . Sur l’enregistrement, illustré par une photo de Mohammed Deif dans la pénombre comme le fait toujours le Hamas pour qu’il ne soit pas identifié, on l’entend annoncer que « les positions et les fortifications de l’ennemi ont été visées par 5.000 roquettes et obus lors des 20 premières minutes » de l’attaque.

L’attaque a fait plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Le Hamas a pris en otage 252 personnes.

Celui que le Hamas présente comme « le chef d’état-major de la résistance » est une cible pour Israël depuis de nombreuses années. Il a échappé à au moins six tentatives d’élimination connues. La plus récente a eu lieu en 2014 lorsqu’un raid aérien israélien le visant dans la bande de Gaza a entraîné la mort de son épouse et de l’un de leurs enfants.

Depuis près de 30 ans, l’homme, né en 1965 dans le camp de réfugiés de Khan Younès (sud de la bande de Gaza), est mêlé aux coups les plus durs portés contre Israël: enlèvements de soldats, attentats suicide, tirs de roquettes…

Désigné en 2002 à la tête de la branche armée du Hamas, après la mort de son prédécesseur Salah Chéhadé, tué dans un raid israélien, Mohammed Deif a une longue histoire militante et clandestine entamée dans les années 1980. En 2000, au début de la Seconde Intifada dans les territoires palestiniens contre l’occupation israélienne, il s’est échappé –ou a été libéré — d’une prison de l’Autorité palestinienne de Yasser Arafat. Au grand dam des Israéliens qui l’avaient dans le collimateur.

Juste après son accession au commandement des Brigades al-Qassam, il est la cible d’une tentative d’élimination par Israël dont il sort grièvement blessé, une paraplégie étant évoquée mais non confirmée. Il gagne chez ses ennemis le surnom de « chat aux neuf vies » et devient aux yeux des Palestiniens une figure légendaire, aussi résolu dans son combat contre Israël que mystérieux. Il a été inscrit en 2015 sur la liste américaine des « terroristes internationaux ».

Yahya Sinouar, l’homme fort de Gaza

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Yahya Sinouar. DR

Elu en février 2017 à la tête du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Sinouar, issu de la branche militaire du mouvement, figure parmi les partisans d’une ligne dure. Agé de 61 ans, cet homme ascétique, à la chevelure blanche a passé 23 années derrière les barreaux en Israël avant d’être libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers.

En 1987, la Première Intifada éclate dans un camp de réfugiés du nord de la bande de Gaza, le natif de Khan Younès rejoint le Hamas tout juste fondé. Il fondera ensuite Majd, le service de sécurité intérieure du Hamas.

Ancien commandant d’élite au sein des Brigades al-Qassam, recherché par Israël et placé lui aussi sur la liste américaine des « terroristes internationaux », Yahya Sinouar entoure ses déplacements du plus grand secret. Il n’est pas apparu en public depuis le 7 octobre. Mais en février, l’armée israélienne a diffusé une vidéo montrant selon elle le chef du Hamas dans un tunnel avec une femme et trois enfants.

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